Le co-living Bruxellois
Morton Place, le co-living où l'harmonie prime !
06.11.2019
Quand a été créé le premier co-living Morton place ? Comment sont disposées les maisons ?
Le premier Morton place a été créé en 2011. Nous avons maintenant 3 maisons de 8 chambres en moyenne, chacune varie dans la disposition des pièces, et les gens restent environ 2 ans.
D'où vous est venue l'idée de créer un co-living ?
J’ai toujours beaucoup voyagé. Je suis d’origine américaine, et j’ai habité longtemps à Paris. Quand j’étais à la fac, j’habitais dans une maison avec plusieurs étudiants, nous partagions la cuisine, les espaces communs très naturellement, et cela a permis de lier des amitiés fortes. J’en garde de très bons souvenirs.
Quand je suis arrivée à Paris, j’habitais toute seule en studio, et c’était pour moi assez triste le dimanche soir de me retrouver toute seule avec ma soupe devant la télé. Rien à voir avec les dimanches que j’ai pu passer dans ma maison partagée…
J’ai donc décidé d'investir dans l’immobilier quand j’habitais à Bruxelles, en partant du constat qu’il y avait une grosse partie de la population étrangère qui arrivait pour travailler à la commission européenne. De la tranche d’âge 24-35 ans, les nouveaux arrivants se retrouvaient sans ressources sociales sur Bruxelles. Cette jeune population active avait besoin de faire des rencontres, et le co-living était une bonne solution pour cela.
Comment avez-vous financé le projet ?
Ma famille a toujours investi dans l’immobilier, c’est une tradition assez Anglaise que mon père d’origine anglaise a gardée et transmise, pas en tant qu’activité principale mais vraiment en termes d’investissement. J’ai décidé de le faire de manière plus active.
Il y a plusieurs modèles identifiés pour financer des co-livings :
1) Ceux qui achètent et qui opèrent eux-mêmes (Modèle choisi par Morton Place). Dans ce modèle, on est limités par les fonds apportés : l’échelle est plus petite, c’est la méthode japonaise : toujours améliorer son produit sans vouloir forcement s’élargir.
2) Ceux qui démarrent comme avec une premiere maison qui sert de « Proof Of Concept » et ensuite trouvent des investisseurs pour grandir rapidement.
3) Les modèles basés sur celui de Wework : Les opérateurs ne sont pas propriétaires de l'immeuble, ils le louent et ensuite sous-louent les chambres aux occupants, un peu comme le monde de la location de bureaux.
Quelle est la typologie de votre clientèle ?
Nous pensions que nos occupants allaient principalement être des gens qui travaillent à la commission européenne dans des premiers postes, mais depuis les 8 ans que l’on opère, cela a bien changé : nous voyons la tranche d’âge s’ouvrir, tout comme la variété des professions de nos occupants. Nous avons des occupants qui ont plus de 40 ans, d’autres dont le/la partenaire ou famille habitent une autre ville mais qui doivent travailler 4 nuits à Bruxelles sur un an par exemple.
Nous n’avons pas d'étudiants dans nos co-livings car nous voulions éviter qu'une partie de nos occupants ait des horaires décalés, or en général les étudiants commencent leur journée plus tard et la finissent plus tard. Cela créé une incompatibilité avec le rythme de la maison. De plus, au niveau des garanties financières, il est plus compliqué d’impliquer 3 personnes comme il est souvent demandé aux étudiants.
Nous voulons vraiment garder une cohérence sociale et une harmonie dans nos co-livings, pour que tout le monde s’y sente bien.
Quelles sont les choses que vos co-livers préfèrent dans ce lifestyle ?
L’objectif principal est de retrouver un réseau social. Lorsqu’ils nous quittent pour emménager avec un partenaire ou retourner dans leur ville d’origine, c’est les amitiés que nos résidents retiennent de leur expérience chez nous. Mais je reconnais
que ce que l’on offre et ne valorise pas sont des choses invisibles. Par exemple, nous fournissons une connexion internet très puissante mais ce n’est pas spécialement valorisé par nos occupants car c’est considéré comme un acquis, un confort basique.
Le bien-être personnel est tout de même le point le plus important pour nos occupants.
Êtes-vous en compétition forte avec les autres espaces de co-living à Bruxelles ou avez-vous déjà collaboré sur des évènements ou autre ?
Nous n’avons jamais collaboré avec d’autres acteurs du co-living. En revanche, pour moi, le fait qu'il y ait des acteurs plus gros nous a aidés : ils ont fait connaître le concept de co-living qui est de plus en plus répandu. Cela nous a permis de nous démarquer d’eux par la suite avec notre offre plus intime et luxueuse.
La concurrence n'est pas vraiment un souci pour nous, au contraire, cela nous permet de renforcer notre différence d’offre sur le marché sur le co-living. Un autre point important est que les personnes qui nous contactent connaissent déjà le principe de nos logements, alors que les pionniers du co-living prenaient beaucoup de temps pour en expliquer les bienfaits, la différence avec les autres modes de logement etc.
Quelles sont vos perspectives de développement futur ?
Nous voulons créer une ou deux Morton Place de plus sur Bruxelles, car notre équipe à acquit une bonne connaissance du marché local, et nous sommes aussi en train de voir pour ouvrir une maison dans une autre ville belge ou à l’étranger.
Quelle est votre vision pour le co-living dans le futur, par rapport aux nouveaux modes de consommation et de vie ?
Je sens que le prochain challenge est d’apprendre à organiser des co-livings pour les seniors : c’est un nouveau marché avec de nouveaux concepts. C’est une population qui vit un changement d’habitude fort, un nouveau chapitre. Nous nous posons donc la question suivante : à quoi pourrait ressembler un co-living pour les seniors ?
Je pense qu’il est nécessaire de consolider le co-living et de revenir sur ses fondements, car le mot est très à la mode mais il manque de cadre légal : tout peut s’appeler du co-living. Il faudrait que la loi se penche sur la question pour définir des règles et respecter les acteurs du « vrai » co-living.
Proposons-nous des maisons entièrement adaptées ou seulement des mini studios dans des grands immeubles comme l’on peut voir à Londres ?
Il y a une diversification des méthodes de co-living qui peuvent tromper les gens sur sa signification et ses valeurs.
En Irlande, par exemple, je sais que des projets de co-living ont été refusés car la surface habitable était trop petite.
L’objectif du co-living est bien sur de réaliser des économies et d’augmenter le partage au niveau social, mais aussi de réduire son impact environnemental.
Le critère du budget est-il donc le premier facteur de choix pour les potentiels co-livers ?
En réalité, l’argument économique est beaucoup plus mis en avant dans des villes où l’immobilier est très cher comme Londres ou New York, il l’est moins dans des villes comme Bruxelles ou le mètre carré est moins cher.
Les gens ont besoin de pouvoir vivre proche de ou dans des grandes villes, mais on ne peut pas utiliser le co-living comme excuse pour ne pas respecter les normes minimales d’espace de vie. Le challenge ici est de créer donc des normes pour encadrer ces pratiques, surtout dans des villes où le co-living est répandu et où l’argument économique est le critère principal pour le choix du logement comme Londres, Paris, Dublin, New York.
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